XIVème siècle - Les Pierrepont du Breuil à Cerisy
Un premier rameau de la branche d’Amblie s’implante dans la Manche
mardi 9 juin 2009, par Nicolas Stephant
L’une des branches de la famille de Pierrepont qui portait "De gueules au chef denché d’or" et que nous appellons habituellement la branche d’Amblie a formé un rameau que nous ne savons pas rattacher avec certitude mais que nous pouvons nommer "les Pierreponts du Breuil". Le Breuil était un fief de 1/8 de haubert qui relevait de la seigneurie de Montpinchon et qui se situait sur le territoire de Cerisy dans la Manche. Nous ignorons de quelle manière il est venu dans la famille de Pierrepont mais la chose s’est faite au début du XIVe siècle (le fief rapportait alors 25 livres de revenu). Robert de Pierrepont est le premier seigneur connu de ce fief pour la famille de Pierrepont qu’il tenait en 1327 d’Eustache de Pirou. Sa fille Roberge épousa Jean du Mesnil-Dray et son fils Guillaume hérita du fief du Breuil où on le retrouve cité le 6 Octobre 1343 puis le 18 Décembre 1389 lors du partage des biens dépendants de la succession de Raoul et Jean de la Lande et une dernière fois dans l’aveu rendu au roi par Fouques de Mesles, seigneur de Pirou, le 24 Avril 1410. Son fils Olivier de Pierrepont, écuyer, est cité dans des actes de 1432 à 1459. Comme toutes les terres de cette sorte, la plus grande partie en était partagée en plusieurs lots exploités "en tenure" par des vassaux de ce fief contre une rente souvent payable en nature (par exemple en boisseaux de froment) ce qui composait le domaine fieffé par opposition au domaine non fieffé qui comprenait, lui, les terres exploitées en propre par le titulaire du fief , c’est à dire principalement les terres composant son manoir et celles qu’il s’était réservé pour d’autres activités comme la chasse par exemple. D’après l’aveu fait au roi par le seigneur de Montpinchon en 1410, le fief du Breuil était détenu "à cour et usage" selon les termes de l’époque qui signifiait un droit de basse-justice pour son détenteur ; ce dernier étant tenu de s’acquitter de 30 sols tournoi chaque année à la saint Michel ainsi que de 22 autres sols tournoi pour son seul moulin situé sur la Soulles qui était encore récemment en état d’abandon (il est connu aussi sous le nom de moulin Cauvet du nom de son dernier meunier). Des servitudes étaient également dues à la seigneurie de Montpinchon comme celle de participer au maintien de l’ordre lors de la foire de saint-Laurent à Montpinchon avec l’obligation d’y être présent le jour même et le lendemain pour contribuer aux actes de justice rendus ces jours là. Obligation qui était défrayée, il est vrai, par le droit de prendre une tresse d’ail sur la foire qui pouvait mesurer plusieurs mètres de long.
Cette terre finit par revenir au Clérel de Rampan à la frontière des XVe et XVIe siècles après être restée 200 ans dans la famille de Pierrepont. Le seigneur de Montpinchon s’appellait alors Guillaume de Cambernon qui venait de réunir le fief du Breuil à la partie de l’ancienne seigneurie de Montpinchon qu’il possédait déjà en le rachetant à son beau-frère Guillaume de Guerrots, seigneur de Cerisy. La seigneurie de Montpinchon s’étendait à l’origine sur les paroisses de Montpinchon et de Cerisy mais elle comportait également des fiefs en mouvance qui étaient plus dispersés géographiquement ; l’un de ceux-ci nous intéresse particulièrement dans l’histoire de la famille de Pierrepont, celui de l’honneur de Contrières qui valait un plein fief de haubert de chevalier et qui était subdivisé en 4 fiefs de chacun 1/4 de fief de haubert. L’un de ces 4 fiefs s’appellait en effet le fief de Gonneville qui était situé dans la paroisse de Blainville et s’étendait sur saint-Malo de la lande. Gonneville était à Raoul de Brusly en 1499 quand il le vendit à Nicolas le Maistre, écuyer, par un acte dressé devant les tabellions de Cenilly. Vingt ans plus tard, c’est Guillaume de Cambernon qui possède cette terre et elle deviendra finalement l’apanage des de Pierrepont de Gonneville jusqu’en 1723 à la suite du mariage de Barbe de Cambernon, fille de Guillaume, avec Richard de Pierrepont.
Bien sur, il n’est pas certain que le mariage de Barbe de Cambernon avec Richard de Pierrepont ait un rapport direct avec le fait que les Pierrepont du Breuil aient été les vassaux de son père... mais il est tout de même assez logique de penser qu’il y a un lien même si, pour l’instant, nous n’en savons pas plus à ce sujet. Ce qui est certain, par contre, c’est que la branche d’Amblie s’est établie dans la Manche dès 1327 avec le rameau du Breuil ce qui est la plus ancienne implantation connue de cette branche dans ce secteur.
Sources : Edmond Lemonchois : "Le marquisat de la Salle" qui cite abondamment le chartrier Caillebot de la Salle.