1640 - 1649 Face aux créanciers, il faut vendre

dimanche 12 février 2006, par Nicolas Stephant

Deux documents inédits sur Jean de Pierrepont de Feugères, Sieur de la Varende éclairent d’un jour nouveau les raisons de sa venue à Feugères depuis le Bessin.

Les archives privées recèlent encore quelques trésors inédits. Deux documents tirés d’un chartrier que l’on appellera "chartrier de Carantilly" viennent éclairer ainsi un personnage encore fort mal connu parmi les de Pierrepont de la branche de Feugères : Jean de Pierrepont. C’est grâce à Mr Rodolphe de Mons des archives départementales de la Manche que nous pouvons proposer les deux textes ci-dessous qui datent du milieu du XVIIe siècle et qu’il a pu transcrire. On savait de Jean de Pierrepont, sieur de la Varende "qu’il était pauvre et qu’il portait l’épée" [1]on saura désormais les noms de son grand-père maternel et de son beau-père et surtout de quels lieux ils étaient originaires. A la lecture de ces textes, on est en droit de se demander si Jean de Pierrepont n’est pas le premier de sa maison venir s’installer Feugères et devenir ainsi le fondateur de cette branche. En effet, sa mère, Isabeau Blanchet est presque certainement membre de la très prolifique famille des Blanchet de Carantilly (proche de Feugères) et non pas issue du Calvados comme on pouvait le croire, puisque son mari Charles ainsi qu’elle-même, y résidaient. L’épouse de Jean, Jeanne du Quesnay, est sans doute originaire de Feugères et peut-être de cette famille qui a donné son nom l’hôtel Quesnay, maison noble figurant sur la carte de Cassini à Feugères.

On peut désormais imaginer que le mariage de Jean s’est fait grâce aux relations de sa mère dans la région de Feugères et que son épouse lui a apporté une terre où il est venu vivre ; à moins que cette terre ne provienne d’un héritage de sa mère. Malheureusement, les biens de son épouse seront insuffisants pour faire face aux dettes du ménage et il faudra vendre.... Peut-être sera t-il possible d’aller plus loin en étudiant d’éventuels liens de famille entre les différentes personnes citées dans ces écrits et notamment l’acheteur, Jean Blanchet qui porte le même nom qu’Isabeau. Ces documents apportent en outre des renseignements sur les terres possédées par les uns et les autres et les liens de vassalité qui en découlent ; Ainsi nous pouvons désormais situer Cremy en Littry, dans le bessin qui est l’apanage de Charles de Pierrepont,mais pas encore le fief de la Varende qui est celui de Jean.

 

A droite, Charles de Pierrepont était sieur de Littry, dans le Bessin.

A gauche, aux alentours plusieurs fiefs étaient détenus par la famille (colorés) de son épouse.

Premier document : [2]

"Par devant Pierre Niobey et Gilles Corbet, tabellions royaux commis pour le siège de Marigny, damoiselle Ysabeau Blanchet veuve de feu Charles de Pierrepont, vivant escuier, sieur de Crainy, fille de feu maistre Richard Blanchet, vivant sieur de la racynière, récepteur des aydes en la vicomté de Coutances, demeurante en la paroisse de Littry [3]en la vicomté de Bayeux, baille titre de fieffe maistre Jean Blanchet, advocat, sieur de la fontaine, de la paroisse de Carantilly, une portion de maison avec une portion de jardin que laditte damoiselle a dit lui appartenir a cause du conquest faict par le dit Richard Blanchet de Philippe Lescluse par contrat passé devant Ysambart Osmond et Ollivier Fossard, tabellions audit siège de Marigny le 26 Septembre 1593. Icelle fieffe faisant joint et buts ledit Blanchet à cause du conquest qu’il a dit avoir cy devant fait de maistre Jullien Guérin, sieur du manoir et du sieur d’Agon, lieutenant général, son frère ; laditte fieffe tenue de la seigneurie de Carantilly sous le fief du Valjouas. Et ce fut faict et passé le Vendredi troisième jour de Juillet 1640."

Second document : 

16 Juin 1649 Marigny :

"Devant Ysambart Hubert tabel à Marigny et Jacob Soucher ci-devant tabel au siège et de présent tabel Quibou, Jean de Pierrepont, esc, sieur de la Varende, fils et héritier en sa partie de feu Charles de Pierrepont vivant esc, sieur de Creny et ayant épousé damoiselle Jeanne du Quesnay fille et unique héritière de feu maistre Nicolas du Quesnay, de la paroisse de Feugères, vend à maistre Jean Blanchet, advocat de la paroisse de Carantilly, deux pièces de terres labourables nommées les clos de la fontaine, contenant 8 v 14 p. compris la moitié du chemin d’icelle sortant du village du Valjouais allant au village des Guesnets à Carantilly proche ledit village de Valjouais, faisant point et but au chemin, Pierre Guesnet, André Joret, Pierre Helaine fils Thomas, Guillebert Lesclure et aut.acquéreur, tenus [...] sous le fief du Valjouais dont damoiselle Ysabeau Blanchet sa mère est aisné, pour 605 livres de principal et 15 livres 5 sols pour [...] demeure à l’acquéreur 573 livres. pour faire le racquit de 25 livres de rente hypothèque envers les seigneurs héritiers du feu seigneur marquis de Bevron, et [payer les aréages que le vendeur et sa femme doivent] Louis de Vauville esc, sieur d’Argency comme tuteur des mineurs de feu Georges de Vauville, vivant esc, sieur de Vauville propriétaire du fief noble de Chantelou à Feugères à cause des héritages d’icelle damoiselle Jeanne du Quesnay, tenus et relèvent de la sieurie de Chantelou.

[1] Rôle de la noblesse du grand bailliage du cotentin en 1640 dans "Notice Mémoires et Documents" T11 1893

[2] 2 transcriptions du chartrier privé de Carantilly par Mr Rodolphe de Mons (archives départementales de la Manche)

[3] NDLR : la localisation récente du fief de Creny auprès de Littry éclaire ces relations.