Septembre 1792 le jeune marquis Charles-Louis de Pierrepont échappe aux massacres...

Charles-Louis de Pierrepont est né le 26 mars 1768 à Saint-Marcouf de la première union en 1763 de son père le Marquis Charles-Pierre-Raymond Louis de Pierrepont de Saint-Marcouf avec Marie-Prospère-Françoise de Muldrac de Grenneville. Il a deux soeurs ainées, ainsi que deux frères cadets et une soeur puynée issus du même mariage. Le Marquis son père s'éteint à l'été 1792 dans les premiers combats de son régiment cantonné dans le Nord face à l'invasion de la France avant Valmy. Ses deux demi-frères cadets Charles-Hyacinthe et Eugène décèderont également au combat, dans les guerres de Napoléon.

Pour sa part il est un jeune sous-lieutenant de 23 ans au régiment de Cambrésis en novembre 1791 stationné à Perpignan lorsqu'est découvert un complot royaliste. S'il n'a pas rejoint les émigrés en Espagne, comme de nombreux officiers de son régiment, c'est peut-être parce qu'il n'en n'a pas eu le temps : en effet bientôt ce que l'on nomme "l'affaire de Perpignan" indigne l'opinion publique nationale et il figure parmi les 27 officiers condamnés à mort en février à Paris par décret de l'Assemblée nationale. Avec ses compagnons d'infortune, ceux que l'on nomme "prisonniers d'Etat" attendent à Orléans d'être jugés par une juridiction spéciale, le Tribunal Révolutionnaire qui a été institué spécifiquement par l'Assemblée Nationale.(1)

Ainsi lorsque son père est inhumé au mois d'août, celui qui devient à son tour Marquis de Pierrepont de Saint-Marcouf et des Biards est déjà retenu prisonnier à Orléans.

Quoiqu'il en soit, l'histoire retiendra qu'avec la duplicité de Danton, alors ministre de la Justice qui compose en eaux troubles avec une flambée sans précédent de la rage populiste parmi les sections parisiennes. Le 26 août l'Assemblée nationale exige de l'Exécutif qu'il transfère les prisionniers d'Etat d'Orléans à Paris. Un triste sire dénommé Fournier L'Américain est mandé jusqu'à Orléans pour prendre les prisonniers en charge et les mener à leur juge.

Le convoi des prisonniers quitte Orléans le 4 septembre à 6 heures du matin (2). Il ne parviendra à Versailles que le 9 septembre au matin (3). Les prisonniers sont transportés dans des charriots à boulets de canon et suivent lentement le périple ci-contre jusqu'aux portes de Versailles.

Lors de la traversée de cette ville, malgré la défense vigoureuse du maire de Versailles, M. Richaud, le convoi, seulement conspué au départ par la foule, est attaqué tandis qu'une partie de l'escorte s'est (malencontreusement ?) éloignée. Rapidement la tête du Duc de Cossé-Brissac se promène au bout d'une pique et les prisonniers sont massacrés. 

Sur 54 prisonniers, seulement 7 prisonniers en réchappent :

Charles-Louis est de ceux là, comme viennent le confirmer les archives Parlementaires (5)

A compter de cette date, aucune trace du marquis Charles-Louis de Pierrepont de Saint-Marcouf. A t'il survécu à ses blessures ? Nul acte de décès ne viendra confirmer sa disparition, et les correspondances familiales restent muettes sur son sort.

Pour aller plus loin :

L'histoire du régiment de Charles-Louis de Pierrepont, 20ème régiment d'infanterie, ci-devant Cambrésis

(1) Histoire Parlementaire de la Révolution française ou journal des Assemblées Nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, p. 114 - séance du 3 janvier 1792

(2) Les Massacres à Versailles en 1792, éclaircissements historiques et documents nouveaux, Paul Huot 1879 p.13 et seq.

(3) ibid. p.24 et seq.

(4) Versailles et Quiberon, ou précis historique sur le massacre des prisonniers d'Orléans égorgés à Versailles le 9 septembre 1792 à trois heures de l'aprés-midi  et sur l'expédition de Quiberon par FL. Janillon, Paris 1816 p.39

(5) op. cit. Histoire parlementaire... p.430